Le Edge computing ? C’est un mix de calcul et d’interaction qui s’exécutent au plus proche de l’utilisateur. Grosso-modo, au lieu d’aller chercher de la puissance uniquement dans des data centers centralisés, on décide d’utiliser un périphérique décentralisé type micros data centers, antennes 5G, IoT ou encore smartphones. J’appelle ça le fog computing comme un brouillard proche, à opposer au cloud computing, le nuage lointain… Vous voyez l’idée ? Ok, je vous ai perdu, je reprends.
Le match : CISC vs RISC
Pour comprendre l’enjeu du Edge computing, il faut revenir aux origines de la gue-guerre entre les processeurs à architecture RISC (pour Reduced Instruction-Set Computer) et les processeurs à architecture CISC (pour Complex Instructions-Set Computer).
D’un côté, on a le processeur CISC : il sait faire beaucoup de choses seul, comme une addition ou une multiplication. Il résout les problèmes par le hardware, le chips est très gros car il contient beaucoup de transistors et ils sont hyper rapides… Ce qui est super mais ce qui fait aussi qu’il consomme beaucoup d’énergie ! De l’autre côté du ring, on retrouve le processeur RISC, qui ne sait pas faire grand chose seul, s’appuyant sur les compilateurs logiciels pour le guider. Il a de petites unités de calcul et résout les problèmes par le software. Si le compilateur (et le développeur !) sont bons, alors il va vite, consommant à la fois très peu d’énergie et évitant la surchauffe.
CISC un jour, CISC touj…ours ?
Depuis que j’ai commencé à coder, je suis nourri au CISC et à l’époque je passais d’ailleurs des semaines à étudier le rapport prix / performance pour acheter mes pièces de ventilation, de refroidissement, la motherboard, la RAM, les hdd… tout ça pour constituer mon PC idéal.
En tant que bon fan de Windows qui se respecte, je détestais Apple et Linux, encore plus parce que ces derniers utilisaient des processeurs RISC (le Power PC d’IBM). Alors, qu’elle ne fût pas ma joie lorsque Steve Jobs a annoncé qu’Apple passait aux processeurs CISC (Intel) en 2005 car le Power PC ne suivait plus la cadence ! J’étais fier comme un coq devant mes potes fan d’Apple ! Enfin la vérité était rétablie et on me donnait raison !
Cependant, je vous avoue tout : à l’époque, j’ai aussi acheté le premier smartphone de l’histoire de France : le SPV (pour Son-Photo-Vidéo) conçu par HTC. Un monstre en devenir. Une révolution. Personne ne comprenait cet ovni, ni ne mesurait toute l’étendue de ses possibilités. Il tournait sur Windows Mobile et malgré son échec cuisant quelques mois plus tard, l’avenir était quand même là. Et tenez-vous bien, il était équipé d’un processeur ARM.. un RISC ! Alors ça, je ne l’avais pas vu venir. Moi qui était pro-CISC. Le ver était dans la pomme. Gloups.
Entre CISC et RISC, mon cœur a choisi.
CISC vs RISC, le match avait bel et bien commencé.
Pourquoi le RISC a pris le dessus sur l’architecture CISC pour les smartphones ? Simple : les fabricants ont misé sur une consommation minimum d’énergie de la puce centrale, pour réduire la chaleur dégagée et augmenter l’autonomie du système portatif. Personne n’avait envie d’un ventilateur sur son mobile et de seulement quelques minutes d’autonomie ! Ce n’est que plus tard que la puissance a été améliorée.
Je me mets donc à utiliser Windows Phone sur smartphone, et à me nourrir de processeur RISC, tout en m’extasiant devant la puissance et les possibilités de ce que j’avais dans la poche. Puis en 2008, Apple fait l’acquisition de PA Semi, une entreprise de fabrication de processeurs RISC. Étrange… eux qui avaient avoué leur désamour de cette architecture et étaient passés au CISC…
En 2010, surprise ! L’iPhone 4 sort avec un processeur RISC maison. Une merveille. Steve Jobs était un visionnaire, Apple terrasse la concurrence. Je craque et je passe sous iOS.
Quelques années plus tard, je continue mes expériences sous Android avec le Galaxy S6. Le développement mobile me passionne : coder du mobile, c’est une vraie claque. Et dans mon métier alors que je suis “monsieur moteur de calcul financier”, je me mets notamment à coder un ovni pour scorer un conducteur automobile. En récupérant des infos de capteurs depuis son mobile (centrale inertielle, données gps), on score la conduite d’une personne (analyse de l’accélération, de la décélération, de la vitesse angulaire..). Et là, je me rends compte que ce “petit” objet a une puissance de calcul folle !
Et c’est cette comparaison qui m’étonne. D’un côté, j’utilisais un supercalculateur équipé de dizaine de milliers de processeurs CISC (x millions €…), de l’autre un smartphone incroyable équipé d’un unique RISC. Je continue d’explorer le développement mobile allant même jusqu’à répliquer le fonctionnement d’un cluster de calcul avec des smartphones. Passionnant.
Et puis Apple frappe encore en 2020 : les Macbook Mini, Air, et Pro passent au processeur M1 qui sont des RISC maison en remplacement des CISC d’Intel. BOUM. Ce n’est pas directement lié mais c’est un nouvel argument de taille en faveur des processeurs RISC et donc de l’edge computing des smartphones. (NB : le chips M1 est cousin des chips dans les iPhones…).
Et pourquoi je mise sur l’edge computing ?
Vous l’aurez compris, l’edge computing c’est mon dada. C’est un des sujets qui me tient à cœur aujourd’hui dans le projet Assurly. Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de “choses” dont sont capables les smartphones. Alors ce n’est pas non plus judicieux de tout décentraliser. Et oui c’est plus simple de faire un site web et de tout miser sur le cloud computing. Mais le smartphone (plus grand représentant du edge computing) avec sa puissance disponible et sous-exploitée est là (et pas “seulement” pour afficher un site web). Faire “sans” n’est plus possible. Chez Assurly, le smartphone est une ressource InExtenso de notre SI. L’architecture et les développements sont toujours réfléchis entre le cloud et l’edge. Tout ceci pour proposer au client une expérience personnalisée, fluide, agréable, avec des possibilités infinies… work in progress ! L’assurance de demain est lancée !
Messages personnels
1/ Rappel de l’historique des infrastructures
- Avant 2000 -> On Premise : on installe les machines chez soi, dans des pièces réfrigérées
- Entre 2000 et 2015 -> Cloud Computing : on utilise des machines à distance
- A partir de 2015 -> Edge Computing : on utilise la puissance de calcul d’éléments périphériques
2/ Messieurs les constructeurs de smartphones, merci d’accélérer la vitesse des bus à partir de la mémoire et d’autres périphériques ! Sympa d’avoir une voiture de course, mais c’est mieux quand on roule avec ailleurs que sur des chemins de forêts !
3/ En 2012, Google donne l’info que toute la puissance de calcul qui a été nécessaire au programme Apollon est inférieure à une unique requête de son moteur de recherche.
4/ Et en 2019 pour le cinquantenaire de l’alunissage, iDropNews fait le même parallèle en utilisant un iPhone 11.
5/ Le web n’est pas mort… Mais l’avancée de la puissance des smartphones et de leurs possibilités font tendre à un développement d’app native.
6/ Il est évident que les RISC ne vont pas tarder à avoir les mêmes problèmes que les CISC et le fanless est presque condamné (Macbook Pro M1…..). Sur smartphone la solution à été trouvée pour le moment. On colle des processeurs RISC de puissances différentes. La plupart du temps, c’est le plus petit qui travaille et qui ne consomme quasiment rien.
7/ Si je suis si prompt à défendre le Edge et ce, même s’il tend à réduire l’avantage compétitif qu’il m’offre (en détaillant les raisons et surtout une vision du smartphone centric), c’est aussi que je suis un fervent défenseur de la #TechForGood. Car le smartphone permet à tout un chacun de se battre contre des acteurs “très riches” qui n’ont pas la capacité d’appréhension de cet outil à l’avenir radieux.